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sábado, 17 de septiembre de 2022

Pluralisme, la bataille culturelle

 Les médias mainstream sont habituellement contrôlés par l’oligarchie, afin de transformer leurs lignes éditoriales en instruments de propagande, ainsi qu'en de puissants appareils de mystification idéologique. Pour reproduire leurs schémas d’interprétation de la réalité, les élites socio-économiques ont besoin de maîtriser les émotions populaires et d’engendrer en même temps un récit monolithique qui pousse la classe travailleuse à accepter la subordination à la structure économique et à la doxa neoliberal. D’autre part, le système doctrinal vise à influencer chaque domaine de notre existence (biopolitique). Les millionnaires achètent des médias précisément pour avoir, sous leur influence, un puissant dispositif narratif qui défend leurs intérêts et, à son tour, répand le discours des organisations politiques proches de leurs postulats.

 Les forces réactionnaires ont compris  l’importance de remporter la bataille culturelle (en utilisant la terminologie Gramscienne) pour sublimer leurs structures de privilèges et neutraliser tout discours alternatif au credo néolibéral avec son fameux slogan "there is no alternative". Leur façon la plus efficace de dominer les esprits est d’apprivoiser la volonté à travers l’incertitude, ainsi que de donner l'impression qu’il est impossible de modifier rationnellement le statu quo libéral. Toute dynamique contraire au capitalisme et à son corpus idéologique serait considérée comme une sorte d’infantilisation: un genre de béhaviorisme psychosocial dans lequel toute envie d'émancipation est marginalisée par l'establishment idéologique. Or, un peuple qui ne perçoit pas son pseudo-esclavage ne sera pas en mesure de voir ses chaînes et finira même par défendre les axiomes de son aliénation.
Dans ce contexte, le métacapitalisme ou capitalisme numérique est devenu le bras idéologique de la mondialisation financière : un essaim de désinformation circulant sur les réseaux "asociaux" dont les algorithmes privilégient la divulgation des prémisses les plus réactionnaires. Cette vague néoconservatrice, dans laquelle l'égocentrisme et l'individualisme exacerbé sont renforcés, a déplacé l'axe sociétal vers la droite et sa version la plus extrême et populiste. L’hégémonie culturelle du libéralisme autoritaire a créé un état d’anesthésie sociale généralisée qui nie toute réalité alternative au discours de la caverne médiatique de désinformation.
 La gauche transformatrice doit désamorcer les dogmes apparemment inébranlables du néolibéralisme pour générer une dynamique symbolique et subjective d’émancipation. Encourager le pluralisme éditorial signifie en retour le renforcement de la démocratie, contrairement à la création d’oligopoles de désinformation qui contribuent à engendrer un risque nuisible pour les sociétés libres. D'autre part, il est essentiel de renforcer les médias alternatives qui défendent en tant que fin l’émancipation de l’être humain, en engageant une bataille culturelle face à la cosmovision du capitalisme financier et de ses structures hégémoniques.

Tribune publiée dans l'Humanité nº 23520